Fatigue et perte de cheveux : sont-elles liées ?

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Alors que perdre quelques cheveux chaque jour est parfaitement normal, une chute excessive peut être le signe d’un déséquilibre plus profond. La fatigue, qu’elle soit physique ou émotionnelle, peut effectivement jouer un rôle significatif dans ce processus. Qu’il s’agisse de stress, de carences alimentaires ou encore d’un dérèglement du cycle capillaire, il est essentiel d’identifier la cause pour apporter une réponse adaptée. Découvrez toutes nos solutions pour prévenir et traiter la chute de cheveux liée à la fatigue.
Est-ce que la fatigue peut faire perdre les cheveux ?
La fatigue peut avoir un impact direct sur la santé capillaire. Lorsqu’elle est intense et prolongée, elle peut provoquer une chute de cheveux réactionnelle, appelée effluvium télogène aigu. Ce type de chute intervient généralement 2 à 4 mois après un facteur déclenchant, comme un choc émotionnel, une maladie ou un stress intense. Le cycle capillaire est perturbé (Park et al., 2023), entraînant une perte diffuse et simultanée des cheveux en phase télogène. Dans ces cas, il est possible de perdre jusqu’à 300 cheveux par jour, contre 50 à 100 en temps normal.
Une fatigue chronique liée à un stress prolongé, une surcharge de travail ou encore un régime alimentaire déséquilibré peut également provoquer une chute capillaire. Ce phénomène est plus fréquent chez les femmes, notamment en raison des variations hormonales. Lorsque la cause de la fatigue est identifiée et corrigée, les cheveux reprennent progressivement leur cycle normal. La repousse peut commencer après 6 mois et retrouver son état initial après 12 à 18 mois.
À l’inverse, une fatigue passagère de quelques semaines ne provoquera pas de perte de cheveux significative. Toutefois, elle peut ralentir momentanément la croissance des cheveux sans entraîner de conséquences à long terme.
Quelle carence provoque la perte de cheveux ?
Les carences alimentaires jouent un rôle clé dans la santé des cheveux. Lorsque l’organisme manque de certains nutriments essentiels, cela peut affecter la vitalité du cuir chevelu et engendrer une chute capillaire plus ou moins marquée (Guo & Katta, 2017).
Le fer
Le fer est indispensable à la production d’hémoglobine, qui transporte l’oxygène vers les cellules du corps, y compris celles du cuir chevelu. Une carence en fer peut affaiblir les follicules pileux, entraînant une chute de cheveux notable. Ce phénomène est particulièrement observé chez les femmes ayant des règles abondantes ou suivant un régime végétarien strict. Des études cliniques ont confirmé que la carence en fer est l’une des déficiences nutritionnelles les plus fréquemment associées à la perte de cheveux, bien que le degré exact de déficience nécessaire pour déclencher cette chute reste à préciser (Guo & Katta, 2017).
Le zinc
Le zinc est un minéral essentiel à la synthèse des protéines qui composent la structure du cheveu, notamment la kératine. Une carence en zinc peut rendre les cheveux plus fragiles, ralentir leur repousse et favoriser leur chute. La supplémentation en zinc s’est révélée bénéfique chez les patients présentant une déficience avérée, mais une supplémentation excessive peut être toxique et paradoxalement aggraver la chute des cheveux (Guo & Katta, 2017).
La vitamine B12
La vitamine B12 est cruciale pour le bon fonctionnement des cellules du follicule pileux. Puisqu’elle n’est pas synthétisée par l’organisme, son apport doit être assuré par l’alimentation. Une carence en B12 peut provoquer une anémie, un état de fatigue générale et une chute de cheveux diffuse. Cette vitamine est principalement présente dans les produits d’origine animale, ce qui explique pourquoi les végétaliens sont particulièrement à risque de développer cette carence.
La vitamine D
La vitamine D joue un rôle dans la régénération des follicules pileux. Un manque de cette vitamine peut favoriser l’effluvium télogène, particulièrement en automne, lorsque l’exposition au soleil diminue. Des recherches récentes suggèrent que la vitamine D intervient dans le cycle de croissance du follicule pileux, et que sa déficience pourrait être impliquée dans diverses formes d’alopécie (Guo & Katta, 2017).
La vitamine C
Antioxydante, la vitamine C protège les cheveux des radicaux libres et favorise l’absorption du fer. Une carence en vitamine C peut rendre les cheveux cassants, ternes et accélérer leur chute. Cette vitamine joue également un rôle important dans la synthèse du collagène, une protéine structurelle essentielle à la santé du cuir chevelu.
Quand s’inquiéter pour une perte de cheveux ?
La chute naturelle des cheveux fait partie d’un cycle normal de renouvellement capillaire. En moyenne, nous perdons entre 50 et 100 cheveux par jour sans que cela ne soit préoccupant. Ce cycle se compose de quatre phases distinctes qui se succèdent tout au long de la vie, permettant environ 20 à 30 renouvellements complets.
La phase anagène constitue la période de croissance active, durant laquelle environ 90% des cheveux se développent activement. Elle est suivie par la phase catagène, une courte période de transition de deux à trois semaines qui concerne environ 2% des cheveux. Vient ensuite la phase télogène, ou phase de repos, pendant laquelle le cheveu cesse de croître sans pour autant tomber. Enfin, la phase exogène marque la chute naturelle du cheveu, permettant le début d’un nouveau cycle.
Cependant, certaines situations méritent une attention particulière : la perte quotidienne devient significativement supérieure à la normale habituelle ou lorsqu’elle se prolonge au-delà de six à huit semaines. Un autre signal d’alarme est l’apparition de cheveux de plus en plus fins et courts, indiquant une perturbation du cycle de renouvellement.
Des recherches ont montré que les perturbations du sommeil peuvent être un indicateur important de problèmes capillaires sous-jacents. Une étude a révélé que les patients souffrant d’alopécie présentaient une qualité de sommeil significativement réduite, avec des difficultés d’endormissement et une durée de sommeil insuffisante (Park et al., 2023). Ces troubles du sommeil étaient particulièrement marqués chez les patients présentant des formes modérées à sévères d’alopécie.
Bon à savoir : Certaines périodes de la vie sont plus propices à une chute temporaire des cheveux, comme la période post-partum, le début de la ménopause ou les changements de saison. Dans ces cas, la situation est généralement transitoire et se régule naturellement.
Chute de cheveux et fatigue : que faire ?
Face à une chute de cheveux liée à la fatigue, plusieurs solutions s’offrent à nous. Contrairement à l’alopécie androgénétique, la chute occasionnelle présente l’avantage d’être réversible, à condition d’agir rapidement et de manière appropriée.
La première étape consiste à porter une attention particulière à son alimentation. Un régime équilibré, riche en vitamines et minéraux essentiels, permet non seulement de lutter contre la fatigue mais aussi de fournir aux cheveux les nutriments nécessaires à leur croissance optimale. Les recherches nutritionnelles ont démontré que les follicules pileux comptent parmi les cellules les plus métaboliquement actives du corps et sont particulièrement sensibles aux carences alimentaires (Guo & Katta, 2017).
Améliorer la qualité du sommeil constitue également une stratégie efficace. Des études ont établi un lien entre les troubles du sommeil et l’aggravation de certaines formes d’alopécie (Liamsombut et al., 2023). Établir une routine de sommeil régulière, limiter l’exposition aux écrans avant le coucher et créer un environnement propice au repos peuvent contribuer à améliorer la santé capillaire.
Il est également important de revoir ses habitudes de soins capillaires. Les produits trop agressifs peuvent fragiliser le cuir chevelu et aggraver la situation. Il est préférable d’opter pour des soins doux et adaptés à la nature de ses cheveux.
Bon à savoir : La consultation médicale devient essentielle dès lors que la chute de cheveux persiste ou s’intensifie de manière inhabituelle. Un dermatologue peut réaliser un diagnostic précis et identifier les causes sous-jacentes de cette perte capillaire.
Chute de cheveux : et s’il s’agissait d’une alopécie androgénétique ?
Contrairement à la chute de cheveux temporaire liée à la fatigue, l’alopécie androgénétique est une condition permanente qui nécessite une approche thérapeutique différente.
Chez les hommes, elle se caractérise généralement par un recul de la ligne frontale des cheveux et une perte au niveau du vertex, tandis que chez les femmes, elle se traduit plus souvent par un éclaircissement diffus sur le dessus de la tête.
Des recherches récentes ont mis en évidence une corrélation significative entre la qualité du sommeil et la sévérité de l’alopécie androgénétique chez les hommes. Une étude a démontré que les hommes souffrant d’alopécie androgénétique sévère présentaient plus fréquemment des troubles du sommeil, notamment une durée de sommeil réduite (≤ 6 heures) et une qualité de sommeil globalement altérée (Liamsombut et al., 2023). Ces résultats suggèrent que l’amélioration de la qualité du sommeil pourrait constituer un aspect complémentaire dans la prise en charge de cette condition.
Dans le cas d’une alopécie androgénétique, la greffe de cheveux est devenue une solution de plus en plus prisée. Cette technique chirurgicale consiste à prélever des follicules pileux dans des zones où les cheveux sont résistants à la chute, à l’arrière du crâne, pour les réimplanter dans les zones touchées par l’alopécie. Deux méthodes, pratiquées par le Dr Cinik en Turquie, se distinguent particulièrement : la FUE (Follicular Unit Extraction) et la DHI (Direct Hair Implantation).
La technique FUE consiste à extraire individuellement les unités folliculaires de la zone donneuse avec un micro-poinçon inférieur à 1 mm de diamètre. Les follicules sont ensuite triés et réimplantés un à un dans des micro-incisions préalablement réalisées dans la zone receveuse.
La méthode DHI se distingue par l’utilisation d’un instrument spécial, l’implanter ou Choi pen, permettant d’extraire et de réimplanter directement les follicules en une seule étape, sans incisions préalables. Cette technique assure un contrôle précis de l’angle, de la profondeur et de la direction de chaque implant, tout en minimisant le temps d’exposition des greffons à l’air libre.
Chute de cheveux et fatigue : ce qu’il faut retenir
- La fatigue intense, particulièrement lorsqu’elle est liée au stress ou à un choc émotionnel, peut déclencher une chute de cheveux importante. Des études récentes ont établi un lien entre les troubles du sommeil et diverses formes d’alopécie (Park et al., 2023).
- Les carences nutritionnelles, notamment en fer, zinc et vitamines B12, C et D, peuvent aggraver la perte de cheveux et doivent être corrigées par une alimentation équilibrée ou une supplémentation adaptée (Guo & Katta, 2017).
- Une perte quotidienne supérieure à 100 cheveux ou qui se prolonge au-delà de deux mois nécessite une consultation médicale pour identifier la cause et mettre en place un traitement approprié.
- L’adoption de soins capillaires adaptés et d’une alimentation équilibrée constitue la première ligne de défense contre la chute de cheveux liée à la fatigue.
- En cas de perte de cheveux irréversible, la greffe capillaire représente une solution durable et efficace, permettant de restaurer une chevelure naturelle et dense grâce aux techniques de transplantation folliculaire.
- La qualité du sommeil joue un rôle important dans la santé capillaire, et son amélioration peut contribuer à réduire la chute des cheveux, particulièrement chez les personnes souffrant d’alopécie androgénétique (Liamsombut et al., 2023).
Sources
Guo, E. L., & Katta, R. (2017). Diet and hair loss: effects of nutrient deficiency and supplement use. Dermatology Practical & Conceptual, 7(1), 1-10. https://doi.org/10.5826/dpc.0701a01
Liamsombut, S., Pomsoong, C., Kositkuljorn, C., Leerunyakul, K., Tantrakul, V., & Suchonwanit, P. (2023). Sleep quality in men with androgenetic alopecia. Sleep and Breathing, 27(1), 183-189. https://doi.org/10.1007/s11325-022-02618-x
Park, S. H., Ji, K. H., Kim, J. U., Jang, S. H., Ahn, S. W., Hong, S. M., Jin, W. J., Seol, J. E., & Kim, H. (2023). Evaluation of Sleep Disturbance in Alopecia Areata through Questionnaire: Pittsburgh Sleep Quality Index as a Reasonable Tool. Annals